Image : Jean-Christophe Lett
30.08 —— 01.09.2019
Au quatrième mur
Antoine Espinasseau
Les notions de lieu et de contexte tiennent une place importante dans le travail d’Antoine Espinasseau, plasticien, architecte de formation. Il mobilise notre attention sur ce qui conditionne notre manière de regarder, au-delà du sujet. Pour exacerber ce rapport d’influence, il met en jeu le modèle de la scène, archétype de la représentation, condition d’apparition du spectaculaire et architecture culturelle par excellence. Il s’intéresse également au jardin, comme forme de domestication culturelle de l’homme sur le vivant, dont il fait une lecture critique.
Tout se passe comme si l’élévation d’un plancher contenait la promesse d’un évènement extraordinaire, imminent. Un plancher lisse, une structure qui le supporte, une attente, fabriquent un contexte de représentation singulier. La matérialité est sublimée, elle se fait oublier, au profit de ce qui s’y passe. Cette architecture de l’attente devient sculpture. Arpentée, elle change de nature. C’est alors le contexte qui devient œuvre, renversant le point de vue.
Le titre de l’exposition fait allusion à la cloison invisible entre acteurs et spectateurs, une convention qui assigne à l’imaginaire sa place côté scène, et au réel, côté salle. Au quatrième mur fonctionne comme un indice, évoquant le double mouvement d’un espace et d’un temps, qui ne sont dès lors pas situés.
Antoine Espinasseau exerce notre agilité. Il démultiplie les points de vue, nous faisant passer par différentes échelles, en explorant chaque fois un nouveau champ-contrechamp. Nous percevons ce paysage différemment selon la conscience avec laquelle nous l’accostons, laissant ressentir alternativement notre influence et nos influences.
Antoine Espinasseau vit et travaille à Bruxelles, il a été lauréat Mécènes du sud Aix-Marseille en 2014 pour le projet « Une île ».