Image : Ludivine Venet, Sans titre, 2024
29.08 — 08.11.2024 programmation La Saison du Dessin
vernissage samedi 31 août 2024 à 18h dans le cadre de Gallery Night
Creuser les tendres
Le 33, rue Saint-Jacques, 13006 Marseille
Ludivine Venet
Le dessin devient matière.
Je vis et travaille au creux d’une ancienne carrière.
Par une technique de dessin gravé élaborée depuis quelques années, je creuse dans le papier minéral comme on taille un bloc. Chaque coup porté à sa surface lui donne peu à peu forme, s’y grave l’empreinte des matières, des souvenirs de paysages, comme si j’avais pu les extraire directement.
Creuser les tendres sculpte les états du paysage rocheux que j’observe chaque jour et des miens.
Une manière de parler à la fois de roche et à la fois de corps.
Ce qui semble inerte et enfoui devient reliefs et mouvements.
Ce qui s’imprime en nous.
La mémoire des matières.
Texte : Ludivine Venet
Article de Jean-Luc Cougy paru dans le blog En revenant de l'expo le 30.10.2024 :
{extrait}
Jusqu’au 8 novembre 2024, Isabelle Carta accueille Ludivine Venet au 33 de la rue Saint-Jacques à Marseille. Dans le cadre de la Saison du Dessin 2024, l’exposition « Creuser les tendres » révèle une conversation intime et engagée entre l’artiste et la roche qui chaque jour lui fait face.
Avec cette série, Ludivine Venet explore le lien singulier qu’elle entretient avec son environnement quotidien, en particulier avec les falaises calcaires qui entourent son atelier marseillais à L’Estaque, dans une ancienne usine. Chaque dessin, minutieusement gravé dans du papier minéral, devient le témoin d’un échange avec la matière.
Comme le souligne Barbara Carnevale, « l’ascèse de sa pratique […] emprunte tant aux façons d’un graveur d’estampes qu’à la retenue d’un sculpteur ». En effet, Ludivine Venet grave le papier avec une précision presque méditative, où chaque geste est une tentative de capturer l’essence de la roche. Les textures qui en résultent semblent évoquer l’intangible, transformant les souvenirs enfouis de l’artiste en volumes palpables. Sur le papier, les reliefs sculptés deviennent des paysages miniatures, des empreintes de moments suspendus dans le temps.
Ce travail incarne une réflexion plus vaste sur la transformation des matières naturelles et leur passage dans le temps. Ludivine Venet, en se servant du papier minéral comme support, parvient à « matérialiser une conversation intime avec la roche », dans laquelle elle capture et grave non seulement les formes, mais aussi l’essence de « paysages traversés ou fantasmés ». Son processus, que l’on pourrait qualifier d’archéologique, vise à dévoiler des strates de sens et de souvenir à travers des gestes répétitifs, presque rituels.
L’un des aspects les plus frappants de « Creuser les tendres » est cette capacité de l’artiste à rendre visible l’invisible. Les regardeur·euses sont invité·es à découvrir des fragments de paysages, à toucher du doigt une mémoire collective, mais aussi profondément personnelle. Comme elle l’exprime elle-même, « l’inerte et l’enfoui deviennent mouvements et témoignent de nos états. La mémoire se dessine. Le dessin devient matière ».
« Creuser les tendres » est une expérience sensorielle et introspective, une invitation à regarder au-delà des apparences qui mérite sans aucun doute un passage par le 33 de la rue Saint-Jacques…
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